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Traduction, pour le plaisir, d’un extrait de Leon Battista Alberti, Momus vel de Principe, 1443-1450, Liber IV :
« Le créateur d’une œuvre si grande avait fait avec grand soin une première sélection avant de choisir la matière avec laquelle serait fait l’homme; certains disent que c’était de la boue pétrie avec du miel, d’autres de la cire réchauffée à la chaleur des mains […]. Lorsque son travail fut achevé, voyant que certains hommes n’étaient quand même pas contents de la forme qu’ils avaient, il établit que ceux qui le désiraient pouvaient prendre l’aspect de tout autre animal qui leur plairait. Il indiqua ensuite son palais, bien en vue au sommet d’une montagne, et les exhorta à y monter par la route abrupte et directe qu’ils voyaient, pour y venir prendre tous les biens en grande abondance ; ils devaient cependant rester attentifs à ne pas prendre de route différente de celle-là : elle semblait inaccessible au départ, mais lorsqu’on allait plus avant elle devenait presque plate. Ce discours fait, il s’en alla; les homoncules entamèrent la montée, mais bien vite certains, par sottise, préférèrent avoir l’aspect de boeufs ou d’ânes, ou de quadrupèdes en général, tandis que d’autres, emportés par leurs passions, étaient allés se perdre par des voies de traverse. Alors, se trouvant bloqués au milieu d’épais maquis, dans des vallons escarpés et résonnants, voyant l’impraticabilité des lieux, ils se changèrent en divers êtres monstrueux et retournèrent sur la voie principale. Mais là ils furent rejetés par les leurs, à cause de leur horrible aspect. C’est pourquoi, ayant découvert une boue pareille à celle dont ils étaient faits, ils se confectionnèrent des masques ressemblant aux visages des autres et s’en couvrirent. Cet artifice consistant à se masquer s’est ensuite répandu, au point que l’on a du mal à distinguer les figures feintes des vraies si l’on ne regarde pas attentivement à travers les trous du masque […]. Ces fictions appelées personae [masques] résistent jusqu’aux eaux de l’Achéron, pas au-delà, car lorsqu’on arrive à ce fleuve, la vapeur d’eau les dissout. C’est pourquoi nul n’est passé sur l’autre rive sans perdre son masque, et toujours mis à nu. »
Il a paru une traduction française de cet incroyable texte : Momus ou le Prince, par Claude Laurens, Paris, Belles Lettres, 1993.
Momus est le dieu du sarcasme et de la raillerie, mais il fait aussi fonction de « fou du roi » en quelque sorte ; il est menteur, cynique, peureux, hardi, dissimulateur, et pas très moral. L’extrait ci-dessus ne donne aucune idée des nombreux désordres qu’il provoque, dans l’Olympe aussi bien que parmi les humains.
C’est de bout en bout une lecture tout à fait réjouissante. Cette version française, la première et la seule éditée à ma connaissance, est sous-titrée : « Fable politique ».
Je conseille vivement.
Sic enim aiebat pictor, tanti operis artificem selegisse et deputasse id quo esset hominem conditurus ; id vero fuisse aliqui limum melle infusum, alii ceram tractando contepefactam […]. Quibus operibus confectis, cum vidisset homines aliquos sua non usquequaque forma delectari, edixisse ut qui id praestare arbitrarentur quas placuerit in alias reliquorum animantium facies se verterent. Dehinc suas quae obiecto in monte paterent aedes monstravit atque hortatus est ut acclivi directaque via quae pateret conscenderent : habituros illic omnem bonarum rerum copiam, sed iterum atque iterum caverent ne alias praeter hanc inirent vias : videri arduam initio hanc, sed continuo aequabilem successuram. His dictis abivisse ; homunculos caepisse conscendere, sed illico alios per stultitiam boves, asinos, quadrupedes videri maluisse, alios cupiditatis errore adductos in transversos viculos delirasse. Illic abruptis constreposisque praecipitiis sentibusque et vepribus irretitos pro loci difficultate se in varia vertisse monstra et iterato ad primariam viam rediisse, illic fuisse ab suis ob deformitatem explosos. Ea de re, comperto consimili quo conpacti essent luto, fictas et aliorum vultibus compares sibi superinduisse personas, et crevisse hoc personandorum hominum artificium usu quoad pene a veris secernas fictos vultus ni forte accuratius ipsa per foramina obductae personae introspexeris […]. Et appellatas personas hasce fictiones easque ad Acherontis usque undas durare, nihilo plus, nam fluvium ingressis humido vapore evenire ut dissolvantur : quo fit ut alteram nemo ad ripam non nudatus amissa persona pervenerit.