Si 2012 se clôt

C’était l’année dernière. À Paris, le 18 avril 2011. La ville respirait normalement, ignorante de la perte à venir. Les traces de pas ne s’impriment pas dans les veines des trottoirs gris. Puis l’absence s’inscrit au-delà du visible, presque indiscernable. Sur cette image, il n’y a rien d’autre que mon âme déchirée. À peine ce moment a-t-il existé. C’était l’année dernière. À Paris, le 18 avril 2011.

Dominique Grave - Paris - 18 avril 2011

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Ce qu’on ne partage pas, on ne le vit pas vraiment…

Dominique Grave et Nadine Le Lirzin - Gruissan 2003

Insouciance de l’hic et nunc – Gruissan, été 2003.

Recherche du sens – Gruissan, été 2012.

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Un Istituto per Suicidi

Gilbert Clavel, Un Istituto per Suicidi, 1917.

Page de titre reproduite dans la réédition de 2004, par L’Impronta Editrice, de la traduction d’Italo Tavolato, illustrée par le peintre futuriste Fortunato Depero, avec une introduction de Marco Albertazzi.

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In memoriam Dominique Grave

Aujourd’hui 5 mai 2012…

Dominique Grave - 2001

Dominique Grave (19 mai 1957 — 5 mai 2011)
© Nadine Le Lirzin, 2001.

Timbre de 2011 dessiné par Ben - Sur fond rouge est tracé en blanc : « mots d'amour »

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À Dominique Grave : encore un seul jour…

Ce jour, 11 novembre 2011, est un dernier jour. Il y a exactement un an, nous vivions le dernier jour d’un bonheur absolu, total, lumineux, évident. C’est ce soir-là, aux toutes premières heures du 12 novembre 2010, qu’est entré chez nous le malheur absolu, total, effroyable, inimaginable.

C’est aujourd’hui le dernier jour où pour la dernière fois je peux me rappeler cette merveille et dire : « Il y a exactement un an, c’était le bonheur. »

Demain commencera une autre torture, la répétition sans merci des dates abominables, le rappel gravé dans le calendrier des lacérations successives, l’écho de la chute vertigineuse qui ne veut pas s’achever.

5/5/11 & 11/5/11 & 11/11/11. Comme les signes d’une patience, signes de rien, qui ne savent même pas anesthésier la douleur.

Nous sommes aujourd’hui le 11/11/11. « Il y a exactement un an, c’était le bonheur. »

 

 

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And Dominique and I glide through walls

« And Dominique and I walk over the earth,
And glide through walls and bolted doors,
And walk with us as you go to Emmaus,
And burn your hearts and win your souls. »
Edgar Lee Masters, New Spoon River Anthology, 1924, « Rocco Papini ».

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Dominique Grave (19 mai 1957 — 5 mai 2011)

Adieu mon Amour

Dominique Grave à Seyssinet-Pariset en août 2002.D’abord, merci à tous d’être venus. Et merci également à ceux, nombreux, qui bien qu’absents nous accompagnent aujourd’hui en pensée. C’est à Dominique, encore une fois, que je vais faire appel, afin qu’il m’insuffle la force de dire — sans pathos indécent — combien je l’ai aimé, combien il va me manquer, combien il a bouleversé ma vie de sa présence lumineuse. J’espère trouver le courage de prononcer ces lignes si possible sans pleurer.

Le terme qui exprime le mieux ce que je ressentais pour Dominique, c’est – au-delà de l’amour bien sûr – l’admiration. Une immense admiration, qui n’a jamais faibli, qui s’est au contraire renforcée chaque jour, à mesure que je découvrais toutes les nuances et toute l’étendue de ses qualités, qualités d’âme, de cœur et d’esprit. Intelligence, élégance morale, pudeur, délicatesse des sentiments, durant les épreuves de ses derniers mois il n’a renoncé à aucune d’elles. Digne, jusqu’au dernier moment.

Dag Hammarskjöld note dans son journal : « Je crois que nous devrions mourir avec décence, afin qu’au moins la décence survive. » Dominique nous a fait ce don de décence extrême. Et nous ne sommes plus les mêmes de l’avoir rencontré. Nous sommes plus riches et meilleurs.

Un de nos amis m’a demandé de le remercier, aujourd’hui, pour tout ce qu’il lui a donné. De qualités humaines, mais aussi de savoir. Le savoir de Dominique était un océan immense et généreux, à la mesure de sa curiosité d’esprit inextinguible. Il vivait dans la tension constante de toujours apprendre, toujours transmettre ; se remplir de connaissances pour en faire don aux autres à la moindre occasion. Les livres… Dominique était un amoureux passionné des livres, et des mots. Il croyait en l’esprit humain, en l’intelligence, en l’humanité. Il a été lui-même un si bel être humain, d’une telle intensité et d’une telle délicatesse, qu’à travers lui notre propre humanité en est sortie grandie. Au-delà de la peine que nous ressentons, quand le déchirement se fera plus supportable, c’est cela que nous retiendrons : que nous avons eu une chance extraordinaire de l’avoir connu.

Dominique Grave le 9 mars 2008.

Tout ce qu’il nous a donné, tout ce qu’il nous a appris, il nous revient maintenant de le transmettre à notre tour à d’autres, pour faire vivre encore les valeurs auxquelles il croyait.

Son ami Roger Roques le décrit ainsi : « le type qui crée un esprit des lieux partout où il passe ». Je vais répéter ces mots pour qu’ils fassent vraiment sens et qu’ils se frayent un chemin dans nos esprits, pour que chacun d’entre nous prenne le temps de les soupeser et de se demander si ce n’était pas là une de ses qualités les plus magiques : « le type qui crée un esprit des lieux partout où il passe ». Je crois, pour ma part, qu’il avait ce pouvoir, d’alchimiste. Et je crois sincèrement que grâce à lui une lumière particulière éclaire ce monde.

Il va désormais reposer au Père-Lachaise, « la ville où personne ne meurt jamais », comme l’écrit encore son ami Roger. Ça me semble juste qu’il soit éternel ici.

Et pour que chacun d’entre nous dialogue avec sa propre douleur et ses propres souvenirs, je finirai sur ces mots de René Char écrits à la mort de Camus et que m’a soufflés Anne Raulin : « Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n’est pas le silence. »

à Paris, le 11 mai 2011

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Obsèques de Dominique Grave le 11 mai 2011 au cimetière du Père-Lachaise

Dominique Grave - Gruissan, le 29 août 2007.

J’ai l’immense, l’incommensurable, douleur, de vous faire part du décès de l’homme merveilleux dont j’avais le privilège de partager l’existence depuis (déjà et seulement) douze ans, mon compagnon adoré

Dominique Grave.

Depuis le 11 novembre 2010, il s’est battu contre la maladie avec détermination et courage. Son élégance morale et sa pudeur sont pour moi des exemples indépassables de dignité humaine.
Sa mort est survenue le 5 mai 2011, à une heure moins dix, à l’hôpital Tenon, à Paris. Né en 1957, il aurait dû, le 19 mai prochain, fêter ses 54 ans.

Son corps sera incinéré mercredi 11 mai 2011 au cimetière du Père-Lachaise
et ses cendres seront déposées dans le colombarium.

Chaque présence me sera précieuse. Aussi, pour ceux qui désireront et pourront venir ce jour-là à l’un ou l’autre des trois rendez-vous, voici les différents horaires et lieux :

— mise en bière et corps visible de 11h15 à 11h45 à l’hôpital Tenon
(4 rue de la Chine à Paris 20ème – chambre mortuaire : secteur marron, bâtiment Achard, porte 4) ;

— recueillement au crématorium du cimetière du Père-Lachaise de 12h45 à 13h15
(entrée côté place Gambetta) ;

— dépôt de l’urne funéraire au colombarium vers 15h45
(la crémation dure environ deux heures et demi).

Sont bien évidement associés à cet avis de décès et à cette indescriptible peine

Laurent,
son fils,
René,
son père,
Christiane et Jean-Paul,
sa sœur et son beau-frère,
Gérard et Sophie,
son frère et sa belle-sœur,
Claire,
son ex-épouse et la mère de son fils,
ainsi que l’ensemble de sa famille,
et tous ses proches et amis.

Cet avis tient lieu de faire-part.

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Mon Amour, ma vie, mon âme !

Aujourd’hui 5 mai 2011, Dominique est mort. À une heure moins dix du matin.

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Jean Léchère, marguillier de Vérosvres

Jean Léchère (Vérosvres, 19 mars 1907 – Vérosvres, 4 novembre 1995).

Auriez-vous imaginé, il y a quarante ou cinquante ans, une paroisse sans son « marguillier » ?

Le marguillier ? Un personnage presque aussi important que le curé… Il était facilement reconnaissable dans l’église, car il occupait ordinairement la place la plus rapprochée de l’autel où officiait le célébrant.

Je voudrais rappeler ici ce que fut la longue carrière de celui de la paroisse de Vérosvres et, en même temps, rendre hommage à ceux qui, ailleurs, ont fait ou font encore un travail similaire.

Notre ami, l’ami de tous, Jean Léchère, né en 1907, occupa ce poste depuis l’âge de 14 ans.

Ces dernières années, sa santé un peu déficiente l’a obligé à abandonner ses fonctions, mais cela fait quand même 70 années de bons et loyaux services rendus à la paroisse, interrompues seulement par les obligations du service militaire.

Il en a « usés » des prêtres chargés de la paroisse de Vérosvres. Et comme l’ordination sacerdotale ne donne pas automatiquement la vertu de patience, il lui a bien fallu s’adapter à la manière de faire et au caractère de chacun.

Il aime bien raconter ses souvenirs : deux ans avec l’Abbé Desgranges, trente-quatre ans avec l’Abbé Ferrières, dix-sept années avec le Père Lesaffre, neuf avec le Père Dury. Et jusqu’à ces dernières années, il a aidé de son mieux notre actuel curé, le Père Fontany.

Peut-être beaucoup d’entre nous ne s’en sont-ils guère préoccupés, mais la place n’était pas de tout repos !

Il vous dira que de 14 à 21 ans, tous les matins, à 6 h 30, il a sonné la cloche pour la messe, assisté à cette messe, chanté même avec le prêtre. Combien de fois, à raison de trois par jour, a-t-il tiré sur la corde pour sonner l’Angélus, et cela depuis 1921 jusqu’à l’électrification des cloches, à Noël 1980 ! Cet Angélus que nous aimons bien entendre, et qui rend encore vivants nos petits villages !

Et qui, après avoir « sonné le quart d’heure », préparait, chaque dimanche, l’autel, allumait les cierges et le chauffage, et veillait à ce que rien ne manque ? Toujours lui. Il est toujours bien agréable, en franchissant la porte d’une église, de la trouver bien accueillante !

Chaque génération d’enfants de chœur se rappelle son bon sourire, ses boutades même, voire ses petites farces !

Son travail encore, récolter, chaque dimanche, le prix de la location des chaises, à une époque où cela se faisait couramment et où les chaises servaient à quelque chose ! Personne ne doit mieux connaître que lui les petits recoins de notre église, car pendant vingt-huit ans, tous les vendredis, c’est lui qui la balayait et enlevait la poussière des chaises et des bancs.

C’est encore lui, naturellement, qui sonnait le glas, toutes les deux heures ou trois fois par jour, selon la demande des familles, pour nous avertir que quelqu’un de chez nous nous avait quitté. Et rappelons-nous ces interminables sonneries le soir de la Toussaint, depuis la fin des vêpres jusqu’à l’Angélus du soir, et le lendemain depuis l’Angélus du matin jusqu’à la messe.

Il y avait bien quelques compensations : les baptêmes et les mariages, où la coutume voulait que les étrennes données par les participants soient un peu le paiement de la sonnerie de cloches qui allait suivre la cérémonie. Certains ont prétendu que chez tous les marguilliers du monde le temps de la sonnerie ou du carillon variait en fonction de la générosité de l’assemblée… C’est du moins ce que disaient les mauvaises langues !

Brave Jean Léchère ! Il s’est souvent fait plaisanter au sujet de ces « étrennes ». Mais le ciel lui a fait don d’un calme et d’une bonne humeur, ainsi que d’une répartie à toute épreuve ! Pour avoir le dernier mot avec lui, il faut se lever bien avant l’aube !

Soixante-dix ans au service de son curé, de sa paroisse, soixante-dix années de présence chaque dimanche et fête, toujours à la même place. Il nous manque depuis que sa santé ne lui permet plus de venir à l’église.

Dans sa maison, tout à côté de l’église, où il vit maintenant plus calmement, il se tient toujours au courant de tout ce qui concerne la paroisse ; il est toujours de très agréable rencontre. Et nous lui souhaitons, entouré de l’amitié des « Vroulons » et de l’affection de ses enfants, encore de longues années d’une retraite bien méritée.

Article de Jean Desbois, paru dans le Bulletin paroissial (Saint-Bonnet-de-Joux, Paroisse des Monts du Charolais), dépôt légal : 3e trim. 1993.

Habitants de Verosvres devant la mairie en 1978

Légende de l’image : Jean Léchère (avec le tambour) au côté de François Lacharme, le maire de Vérosvres, entourés des Vroulons (gentilé des habitants de Vérosvres), en mars 1978.

Crédit photographique : Marc Combier (Les murs peints murmurent.).

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